Commentaires sur le coup de gueule de James Gonzales …

Dans le dernier TM, le n° 110, notre ami James GONZALES disserte avec une certaine justesse sur le trial d’aujourd’hui.

Quand il explique que pour lui, « enfiler un dossard pour faire 2 km d’interzone par tour, avec sur chacune des 10 zones, entre 15 et 30 minutes d’attente pour au mieux 1 minute 30 de roulage … ne m’attire pas ! » nous ne pouvons que le rejoindre sur cette réalité trop souvent présente, castratrice de notre sport. 

Puis il évoque les discussions quant au stop et non stop, qui selon lui, n’est pas le centre du débat : « je suis sur que remettre le stop demain ne changerait pas la face du monde, à part soulager les commissaires, bien sur !.

Oui, sur le fond James a raison, revenir au stop en mondial ne changera pas la face du monde … mais …

Mais pourquoi imposer un règlement à des pilotes qui, dans leur immense majorité (pour ne pas dire tous), n’en veulent pas ?

Mais pourquoi refuser au trial de s’exprimer plus librement dans une dynamique dont bénéficient les « nouveaux sports » très en vogue et qui pour certains ont fait ou vont faire leur apparition en 2024 aux JO de Paris ?

Mais pourquoi ne pas donner une chance au grand public à nouveau de comprendre le trial ?

Mais pourquoi enfin ne pas permettre au trial d’attirer à nouveau les médias avec une approche spectaculaire de ce qu’il devrait être ?

Alors quand une icône du trial qu’est Toni BOU, fort de ses 34 titres de Champion du Monde, tire la sonnette d’alarme et réfute le non stop, il y a tout de même matière à … forte réflexion sur le sujet, d’autant que lorsqu’il s’est exprimé publiquement, Toni BOU a appuyé sur les points sensibles de notre sport au plus haut niveau.

Et si le plus haut niveau mondial ce n’est pas « LE Trial » dans sa globalité, c’est, comme dans toutes les disciplines sportives, la locomotive.

J’en veux pour preuve le nombre important de jeunes enfants qui se sont inscrits (ou que les parents ont inscrits) dans des clubs de rugby suite à la dernière Coupe du Monde en France ! 

Et ce qui se passe dans le rugby on l’a constaté dans le passé à la faveur de grands événements dont certaines fédérations ont profité pour faire le plein d’adhérents qui avaient rêvés devant leurs TV !

Il est donc nécessaire de procéder comme le ferait une entreprise qui battrait de l’aile : il faut analyser d’où vient le mal (et pour le trial mondial on le connait, il s’appelle Thierry MICHAUD), « couper des têtes », planifier le changement et s’en donner les moyens.

Dès que ce qu’il faut faire pour  que le trial de haut niveau retrouve de sa superbe le sera, alors on pourra  avancer aussitôt vers les échelons « inférieurs » : James évoque d’autres pistes, aussi nous allons y revenir.

Cependant avant il faut parler du haut niveau tricolore, que nous avons évoqué à maintes reprises.

Nous avons publié il y a quelques jours une courte interview de Caroline CASTILLO, DTN de la FFM, qui a exposé le « plan trial » mis en oeuvre suite au départ de Patrick CHARLIER.

Si nous avons souhaité que ce plan réussisse, car pour Planète Trial seul le succès de notre sport compte, nous avons émis de bonnes réserves quant au possible succès de cette nouvelle donne et profitons donc de ce nouvel article pour nous expliquer.

On peut avant tout commenter le choix des hommes qui vont désormais avoir le futur du trial de haut niveau entre leurs mains.

Tous sont plutôt sympathiques, ont eu une carrière sportive dans le trial non négligeable, mais aucun n’a brillé au plus haut niveau du trial mondial (top 10).

On ne sait pas si la FFM et la DTN ont consulté les quelques Français qui ont roulé dans ce top 10, et même si je sais qu’il n’aime pas que je le mette en avant lorsque je parle de ce poste d’Entraineur National, il me semble que compte tenu qu’une fois encore il s’agirait d’un poste à temps partiel, un garçon comme Loris GUBIAN, faisait partie des plus légitimes.

Loris a l’expérience et la passion de la transmission du savoir, et son palmarès est sans commune mesure avec celui de Benoît DAGNICOURT.

Ensuite il y a le choix du très petit nombre, et là le bât blesse encore davantage. En effet, tout miser sur un nombre très restreint de pilotes, et tout particulièrement sur UN jeune prometteur certes, pour nous c’est stupide.

En effet même s’il ne fait pas partie des sports mécaniques les plus dangereux, le trial a une grande part de risque de blessure, aussi que serait notre programme sportif de haut niveau envers la jeunesse si par malheur (ce que nous ne souhaitons pas bien entendu), l’heureux élu se blessait prématurément dans la saison 2024 à venir ?

De plus on mise tout sur un jeune, et on a l’impression que la FFM et la DTN ignorent tout sur l’état d’esprit global de la jeunesse d’aujourd’hui et ses possibles états d’âmes : qui nous dit qu’à l’instar de certains jeunes trialistes dans le passé, que le pilote choisi ne décidera pas, soudainement de jeter l’éponge prématurément ?

Donc miser sur plusieurs pilotes nous semble plus juste, sans tomber bien entendu dans l’excès, il aurait dû y avoir un juste milieu, statistiquement plus favorable.

Enfin, la FFM et la DTN ont rejeté d’un revers de main les qualités, les investissements personnels et familiaux de certains pilotes qui en 2023 ont fait leurs preuves, comme par exemple le jeune Roméo PIQUET (et pas lui seulement).

Bref, si certes cela ne contribuera pas à court terme à résoudre le problème du trial, tel que James l’exprime dans son « Coup de gueule », cela fait tout de même partie des éléments négatifs pour notre sport de haut niveau et le haut niveau c’est ce qui contribue fortement à attirer la jeunesse : la boucle négative est bouclée de ce point de vue.

James parle ensuite d’un « manque de vision plus ouverte et plus moderne, que ce soit au niveau des instances fédérales ou des pratiquants passionnés vivant à l’époque des dinosaures », et nous ne pouvons que lui donner raison.

Surtout quand il ajoute : « on manque de jeunesse et de fraicheur. Une nouvelle ère doit s’ouvrir dès demain. Il faut repenser le trial pour le loisir, s’inspirer d’un format plus hard enduro où les compétiteurs pratiquent la moto plusieurs heures sans s’arrêter avec des boucles tracées par niveau ».

Planète Trial a, à de nombreuses reprises, appelé de ses voeux le développement du trial au travers de son ouverture vers de nouvelles pratiques, à l’instar de ce qui se fait en enduro où il y en a pour tous les goûts.

Mais quand un sport comme le trial est dirigé sportivement par une fédération qui fait davantage les yeux doux à ceux qui pratiquent le trial à l’ancienne, comment peut-elle se projeter vers ce que James appelle de ses voeux ?

Désolé si ces quelques mots vont en blesser quelques uns, mais dans les sports mécaniques en vogue, comme l’enduro ou la piste (MOTO GP) il serait intéressant de savoir si les alter ego aux guidons d’anciennes ont autant de poids que le trial à pépère VS le trial moderne ?

Attention je ne critique pas celles et ceux qui trialisent avec des anciennes, chacun a tout à fait le droit de trouver son plaisir où il le souhaite, mais ce que je critique c’est l’attitude de la FFM qui a un temps favorisé par exemple le prix de la licence pour rouler à l’ancienne et qui nous propose un plan jeunesse, pour relancer le haut niveau, digne d’Harpagon !

Sans visées personnelles, cela fait longtemps que Planète Trial appelle à un renouvellement des têtes qui gèrent la trial sportif, non pas pour châtier les personnes en place, mais juste parce que dans tout ce qui fait la vie en général, du sang neuf, plus jeune, avec des nouvelles idées c’est ce qui fait avancer les choses ! 

Et les dieux savent très bien à quel point le trial a besoin d’avancer !

On pourrait croire que les trialistes sont hostiles au changement, comme pourrait le prouver ce qui fut un semi échec : l’OPENFREE promu par Bernard ESTRIPEAU.

L’OPENFREE fut une nouvelle façon de trialiser que certains apprécièrent et d’autre moins mais qui dans tous les cas apportait une autre vision des choses.

Probablement que l’erreur majeure de l’OPENFREE fut que dans de nombreuses épreuves, plutôt que d’exister par lui-même à ses débuts, il vint en « remplacement » du trial originel et que cela a favorisé le désaveux de certains qui, à l’époque, ne souhaitaient pas vivre leurs épreuves de championnats de ligues au travers d’un nouveau style de compétition.

Certes l’OPENFREE eut une certaine avancée, comme le prouve cette affiche de 2014 de la finale du Championnat de France de cette discipline, mais probablement tout comme le fut le Championnat de France de Trial Urbain, le manque de soutien de la FFM lui fut fatal car il reposait uniquement sur les épaules de Bernard ESTRIPEAU de même que le Championnat de France de Trial Urbain ne reposait que sur les épaules des 3 clubs à l’origine de celui-ci.

Si, comme le suggère James GONZALES dans son article, il faut, sans nul doute, repenser le trial et imaginer d’autres façons de le pratiquer afin d’attirer davantage de pilotes dans les compétitions, il faut aussi le montrer au plus grand nombre afin de faire naitre des vocations.

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Le Championnat de France de Trial Urbain fut une véritable et magnifique vitrine de notre sport puisque non seulement les meilleurs trialistes français furent présents mais aussi les féminines et les plus jeunes. Ainsi de nombreux parents ont pu voir que notre sport était accessibles au plus grand nombre et surtout aux plus jeunes. Cela a généré quelques vocations et il nous semble que son retour serait un gros plus pour le trial.

Une fois encore Planète Trial appelle la FFM à organiser un Grenelle du trial, mais en ne limitant pas les intervenants à leur petit microcosme, afin de faire émerger toutes les idées et travailler tous ensemble à son future : en aura-t-elle ENFIN le courage ? 

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