Interview : Caroline Castillo, Directrice Technique Nationale …

Planète Trial souhaite que notre sport avance … dans le bon sens, et comme nous avons le sentiment ce ce ne fut pas le cas ces dernières années et que les nouvelles suite au Congrès FFM étaient plutôt sombres, nous avons proposé in courte interview à Caroline CASTILLO, Directrice Technique Nationale, auprès de la FFM.

Celle-ci a eu l’amabilité de nous répondre et si ses réponses appellent quelques commentaires de notre part (à lire en fin d’article), nous la remercions d’ores et déjà sincèrement pour avoir pris le temps de le faire.

Interview :

1. PT : Depuis des années le trial souffre d’un manque flagrant d’un Entraineur National à plein temps. Avec le départ de Patrick CHARLIER cela faisait une bonne occasion de choisir « LA » bonne personne pouvant se consacrer à 100% au trial, or il semblerait qu’il ait décidé de ne pas aller dans ce sens. Pourquoi ce choix ?

CC : Vous avez raison, le trial souffre énormément. Il souffre nationalement et internationalement. Chaque année, le nombre de nations représentées au championnat du monde individuel ou engagées au Trial des Nations ne cesse de diminuer, rendant l’attrait des manufacturiers, des partenaires de plus en plus ténu. Le trial a besoin de se trouver un nouveau modèle, un nouvel élan pour recréer une dynamique. Le Président POIRIER le rappelle régulièrement, une discipline est portée par ses champions. On doit se poser la question suivante : le trial est-elle une discipline haut niveau ou une discipline de loisirs ? Beaucoup de pratiquants prônent une pratique libre, sans contrainte, portée par des notions de plaisir. Or, le haut niveau est tout le contraire. Le haut niveau, c’est des règles, des contraintes, du travail. Le haut niveau c’est dur ! Et si nous voulons faire du haut niveau en trial, il faut accepter cela. Ainsi, en ce qui concerne la France et la filière de haut niveau, nous n’avons pas voulu reproduire un modèle déjà éprouvé. Nous travaillons pour remettre un cadre, pour porter les valeurs du haut niveau auprès de nos jeunes, pour construire les conditions de la performance. Nous avons analysé les forces et les faiblesses du paysage actuel. Peu de pilotes présentent actuellement les qualités nécessaires pour prétendre aller au plus haut niveau, et ceux qui les ont manquent de structuration. L’objectif est simple : mieux encadrer, en particulier en période de préparation hivernale, ce nombre resserré de pilotes avec un volume plus important de stages, y compris à l’étranger pour s’enrichir de nouvelles compétences et travailler en lien avec les suiveurs pour le lien en compétition.

2. PT :  Selon certaines rumeurs, il semblerait que le Collectif Espoir (composé cette année 3 jeunes pilotes en TRIAL 125, qui bénéficiaient d’un encadrement de la FFM sur le TRIAL GP) ne soit pas reconduit en 2024. Pouvez-vous confirmer ou infirmer ceci et quelle que soit la réponse nous donner les explications nécessaires ?

CC : Que voulons-nous ? que voulons-nous tous ici ? Un champion du monde 125 qui disparaît après son titre ou un pilote qui ira performer en Trial GP dans les années à venir en jouant aux avant-postes ? C’est parce que nous voulons tous un champion de Trial GP que nous recentrons nos moyens sur les jeunes qui présentent le meilleur potentiel. Pour être très clair, nous portons une ambition pour le trial. Ainsi l’équipe de France Espoir Mondiale existe toujours, et sera composée d’1 pilote en mondial 125 en 2024, non pas avec l’objectif d’en faire un champion du monde 125 mais bien de le voir performer dans quelques années en Trial GP. Nous allons donc consacrer autant de moyens que l’an passé mais en les ciblant encore plus précisément. De la même manière, nous continuons à travailler sur la relève en ciblant l’accompagnement sur deux pilotes au niveau européen. Enfin, le Collectif Jeune créé il y a deux ans continuera à repérer les meilleurs jeunes potentiels pour les préparer à l’international, là aussi en resserrant les effectifs. Nous n’oublions pas nos féminines car au-delà d’une Naomi MONNIER qui est déjà une pilote accomplie en capacité de performer en TrialGP, nous allons continuer à accompagner deux jeunes filles dans la filière.

Cela étant dit, si parmi les autres pilotes extérieurs à la filière certains démontrent la motivation d’aller chercher un titre en 125 ou dans les autres catégories du Mondial, la Fédération sera heureuse de les accompagner financièrement via une convention indexée au résultat, comme nous le faisons avec Naomi depuis plusieurs années.

3. PT : Il semblerait que Christophe BRUAND reviendrait aux avant-postes en remplacement de Patrick CHARLIER : pourriez-vous nous expliquer quel sera son rôle précis, sa mission et ce dont il disposera pour effectuer celle-ci ?

CC : Nous avons réorganisé la filière haut niveau trial. Ainsi, Benoît Dagnicourt devient entraîneur national et coordinateur de la filière. Il sera également en charge de l’équipe de France Espoir Mondial mondial et du Collectif Jeune. Christophe BRUAND encadrera l’équipe de France Espoir Europe ainsi que nos 2 féminines durant la période hivernale. Steven Coquelin prendra le relais avec ces 4 pilotes pour l’ouverture des championnats. Ces trois entraîneurs partagent avec nous les valeurs du haut niveau que nous prônons, la volonté d’apporter rigueur, engagement et dépassement à nos jeunes. La feuille de route est claire : identifier les potentiels en capacité d’aller en TrialGP pour construire avec eux la performance de demain. Au final, c’est un projet qui s’appuie sur trois entraineurs représentant un temps plein.

4. PT : Il y a peu de pilotes qui soient aux avant-postes en Championnat du Monde de Trial : que comptez-vous faire dans les mois et années à venir afin de propulser davantage de trialistes tricolores au plus haut niveau international ?

CC : Nous ne pouvons pas prétendre à avoir des sportifs de très haut niveau en l’absence de valeurs solides de travail, d’abnégation et d’engagement et sans une basse étoffée de jeunes pratiquants. Concernant le travail sur l’éducation aux valeurs qui construisent le haut niveau, je l’ai évoqué ci-dessus. Pour la base de nos jeunes pratiquants, c’est ce que nous appelons de nos vœux au travers de la mise en place du mini-trial. A l’image du mini-vert ou de l’enduro-kid, l’objectif de la Fédération est d’inciter le plus jeunes à venir s’essayer à la compétition, et à le faire dès le plus jeune âge. Plus on aura des compétiteurs jeunes, plus on aura l’opportunité de construire nos champions de demain. Le Président de la FFM, Sébastien POIRIER, a porté dès le début de son mandat la volonté de prioriser les projets en direction des jeunes pour assurer la relève. Nous avons ainsi beaucoup de jeunes pratiquants dans nos écoles françaises de motocyclisme. Ce sont ces écoles qui ont aussi un rôle à jouer, un rôle de tremplin pour tous ces jeunes. Plus les écoles inciteront nos plus jeunes à venir découvrir la compétition au travers le mini-trial, dès l’âge de 6ans, plus elles contribueront à l’éclosion de nos futurs champions !

Notre commentaire adressé à Caroline CASTILLO :

Merci pour votre message et vos réponses à nos questions.
 
Je vais publier votre interview et pour être très franc, si j’adhère globalement à ce vous dites sur le fond, je crains que sur la forme vous ne soyez pas dans le vrai, car vous focalisez vos efforts sur peu de pilotes, ce qui est l’inverse de ce qui se passe dans les pays qui actuellement sont les leaders du trial mondial : Espagne et Angleterre.
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Malgré nos divergences de vue je vous souhaite une totale réussite dans ce projet, car à nos yeux, ce qui compte avant tout c’est que le trial avance !