Vous aviez fait connaissance pour beaucoup d’entre vous avec la nouvelle Ministre chargée des Sports, Madame Amélie Oueda Castera, lors d’un communiqué de la FFM, alors qu’elle avait rencontrée le Président, Sébastien Poirier.
Comme vous la savez, Planète Trial n’a de cesse d’agir, avec ses quelques moyens, afin que notre sport, le trial, retrouve des couleurs et retrouve davantage de pratiquants, l’image qu’il avait dans le grand public dans le passé et que ses pratiquants de haut niveau trouvent la reconnaissance qu’ils auraient s’ils pratiquaient un autre sport.
À cet effet nous dénonçons depuis de nombreuses années les manquements de la FFM, mais, contrairement à ce que l’on peut croire, nous n’hésitons non plus jamais à mettre en avant les quelques actions positives de la FFM et de sa Commission Trial.
Tant que Planète Trial existera nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour faire avancer le trial.
À cet effet nous avons adressé il y a quelques semaines, à Madame La Ministre chargée des Sports, un courrier afin d’attirer son attention sur la discrimination dont fait l’objet le trial de la part de la FFM par rapport aux autres disciplines sous sa tutelle. Nous vous livrons ce courrier dans son intégralité.
Madame La Ministre,
Si je me permets de vous adresser ce courrier aujourd’hui c’est qu’en tant que citoyen, amoureux d’un sport, le trial, je souhaite attirer votre attention sur celui-ci, car il fait l’objet de discrimination de la part de sa fédération de tutelle, la Fédération Française de Motocyclisme. En effet notre discipline n’est pas traitée comme les autres disciplines sous l’égide de la FFM, aussi se retrouve-t-elle en grand danger de disparition.
Avec mon partenaire, Bruno CAMOZZI, qui a à son palmarès de très nombreux titres de Champion de France de Trial, qui fut dans le top cinq mondial lorsque ce sport était à son apogée, et même vainqueur d’un Grand Prix de Championnat du Monde (Autriche 1991) nous nous occupons d’un site internet, créé par Bruno : Planète Trial.
Au travers de ce site qui traite de l’actualité de notre discipline, nous sommes en contact avec de très nombreux pratiquants, qui, pour beaucoup, sont tout aussi inquiets que nous quant au futur du trial.
Le trial est un sport d’équilibre, où la notion de vitesse n’entre pas en compte, pratiqué sur des motos légères, majoritairement fabriquées en Europe, avec même des marques tricolores, comme SHERCO, SCORPA et ELECTRIC MOTION (je reviendrai sur cette marque un peu plus loin dans ce courrier), et très, très peu générateur de CO2. C’est la discipline sportive mécanique la moins polluante au monde !
Le trial a connu ses heures de gloire dans les années 70 – 90 où des villes comme Paris accueillaient une compétition, le trial de Montmartre, tout comme Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, avec le trial des mille marches.
Je ne vais pas vous faire tout son historique, mais il faut savoir que la France, au travers de grands noms du trial, a brillé par le passé au plus haut niveau, avec la présence dans les meilleurs mondiaux, outre Bruno CAMOZZI, de Charles COUTARD, puis par la suite le titre de Champion du Monde de Gilles BURGAT et ceux de Thierry MICHAUD, pour ne parler que de la catégorie la plus relevée. Mais aussi, en particulier chez les jeunes, plusieurs pilotes ont été champions d’Europe (le tout dernier titre est à mettre au crédit de Naomi MONNIER, Championne d’Europe Féminine 2022 et 4ème du Championnat du Monde TRIAL GP WOMEN) et champions du monde Junior comme, entre autres, pour ne citer qu’eux, Loris GUBIAN ou Kieran TOULY en 2019.
Enfin, pour en terminer avec les points forts de ce sport, il est également pratiqué par les enfants, de nombreuses femmes de tous âges, dans des compétitions ayant des catégories qui leurs sont dédiées, mais elles peuvent aussi concourir dans toutes les catégories (!!), si elles le souhaitent, avec tous les autres pratiquants.
Bref le trial est donc un sport très équitable, respectueux de son environnement et ouvert à toutes et tous.
Depuis quelques années, l’entreprise française ELECTRIC MOTION, basée à Vandargues (34), a créé en partant d’une feuille blanche (mais en s’appuyant sur un important savoir-faire dans le trial et son industrie) une moto de trial 100 % électrique, dotée de remarquables performances.
Ainsi en 2022 son pilote usine, Gaël CHATAGNO, s’est confronté à ce qui se fait de plus ancien et de plus difficile dans le trial, les Six Jours d’Écosse (SSDT), épreuve où il a terminé 19ème sur 250 partants, et premier « Non Britannique » !
De même, cette année toujours, il a pris le départ du Championnat du Monde de Trial dans la catégorie TRIAL 2 (la catégorie en seconde position dans la hiérarchie de la difficulté), où, confronté à des motos thermiques très performantes, pour sa première participation à ce mondial dans cette catégorie avec cette trial électrique, il a terminé 4ème lors de l’ouverture en Espagne et 6ème lors de l’épreuve de clôture en Italie, pour un classement général final de 10ème.
Enfin, pour être plus complet encore, il fut également Champion du Monde de Trial 2021 dans la catégorie TRIAL-E, réservée aux motos électriques, catégorie qui a été abandonnée par la FIM (Fédération Internationale de Motocyclisme) à partir de cette saison 2022 : désormais les motos de trial électriques peuvent s’aligner dans toutes les catégories proposées aux pilotes du Championnat du Monde, ce qui est très probablement unique dans les championnats du monde de tous les sports mécaniques.
En résumé ce sport basé sur l’équilibre, qui voit, au travers de cette formidable moto électrique Française, des possibilités de développement incroyables, avec de belles perspectives pour nos pilotes tricolores de briller au plus haut niveau, ce sport est malheureusement clairement discriminé par la FFM par des choix très contestables.
Nous l’avons toutes et tous constaté, pour qu’une discipline sportive brille au plus haut niveau, il faut des sportifs doués, compétents, travailleurs, mais, par exemple, comme on a pu le constater dans le rugby, ce n’est pas suffisant. À tout sport de haut niveau il faut un véritable chef, compétent, charismatique et respecté : or depuis de très nombreuses années le trial est privé d’Entraîneur National à temps plein !
Nombreux sont ceux (et nous avec Planète Trial les plus actifs) à réclamer à la FFM et à son Président, Sébastien POIRIER, le retour d’un poste à temps plein d’Entraîneur National, avec un véritable staff, capable de faire avancer nos jeunes afin de les porter à nouveau au plus haut niveau de notre discipline.
Attention, je ne dis pas que rien n’est fait, mais ce qui l’est ne suffit pas, et surtout la FFM préfère gérer le trial avec des « entraîneurs à temps partiels » (depuis 2013 !! et le départ de l’Entraîneur National de l’époque, Thierry MICHAUD), ce qui n’est pas suffisant pour mettre en place une véritable organisation visant à propulser nos meilleurs trialistes vers le plus haut niveau et les titres mondiaux. Ce qui faciliterait son renouveau auprès d’un public plus large.
Dans un entretien téléphonique du 18 Juin 2021, qu’avait accordé Sébastien POIRIER à Planète Trial, quand nous avions évoqué ce point crucial pour le trial qu’est la nécessité d’avoir un véritable Entraîneur National à temps plein, celui-ci nous avait « … promis une nouvelle organisation d’ici la fin de cette année … ».
Puis, le 13 Juillet 2021, le Président de la FFM nous avait adressé un email dans lequel il répondait par écrit à plusieurs questions que nous avions adressées au service communication de la FFM. Sur le sujet de l’entraîneur national. Voici notre question et sa réponse :
« Autrefois » il y avait un Entraineur National à plein temps : Thierry MICHAUD. Lorsque celui-ci a rejoint les rangs de la FIM il a été remplacé par un mi-temps (Christophe BRUAND) ce qui déjà était dommageable à notre sport car un mi-temps ne peut pas faire ce qu’un plein temps peut. Depuis il n’y a pas de véritable Entraîneur National, dont la mission serait de d’aider, accompagner, favoriser la progression nos jeunes pilotes etc. Pourquoi ce qui était possible autrefois ne l’est-il plus ? Et le Président va-t-il agir afin que le trial dispose enfin à nouveau d’un Entraîneur National, QUALIFIÉ, et à plein temps ?
Réponse de Sébastien Poirier :
« L’investissement fédéral sur le Haut Niveau est toujours identique.
La Filière Trial est actuellement dans une phase de restructuration et nous pourrons en dire plus dans le courant de l’année 2021. »
Nous sommes début Décembre 2022, la FFM vient de tenir son Congrès annuel et rien n’a été fait !
À cela rien d’étonnant, car il n’y a pas eu de véritable renouvellement des membres de la Commission Trial de la FFM depuis de très nombreuses années. Ainsi, juste à titre d’exemple, dans mon petit village d’Auvergne, notre club, le MC Livradois, avait organisé en 1989 (!!) une manche du Championnat de France de Trial. Le représentant de la FFM lors de cette compétition était un certain, François COURBOULEIX. 33 ans plus tard, cette même personne est le Président de la Commission trial. Certes lui et les membres de la Commission ne manquent pas de bonne volonté. Ils manquent juste d’idées, de perspectives, d’innovations, d’idées neuves pour ce sport.
Pourtant, en s’appuyant tout particulièrement sur cette moto de trial électrique, fabriquée en France par ELECTRIC MOTION, on peut imaginer et donc envisager de superbes perspectives pour ce sport basé sur la technique, le travail, l’abnégation et, bien entendu, la passion.
À l’image de ce qui se fait dans les skate-parks, on pourrait voir le trial se développer dans les centres urbains car sans contrainte liée à la pollution, et retrouver également de la progression en campagnes car il y a de plus en plus de restrictions pour les motos à moteur thermique.
Il existe même des motos de trial électriques, fabriquées pour certaines en Europe (Espagne en particulier) dont l’usage s’adapte parfaitement à l’initiation des plus jeunes à la prévention routière.
Toutes ces actions pourraient faire venir davantage de pratiquants au trial, et, comme vous le savez bien, plus la base est importante plus on a de chance de retrouver les meilleurs d’entre eux au plus haut niveau des compétitions internationales.
De plus, c’est bien connu, quand des sportifs français brillent au plus haut niveau mondial, quelle que soit la discipline, cela attire de nouveaux pratiquants : et n’est-ce pas là votre mission majeure ? amener un maximum de nos concitoyens à pratiquer un sport, quel qu’il soit ?
Alors que le trial est actuellement dans une spirale négative bien entretenue en France par l’inaction rédhibitoire de la FFM, ce qui est cité plus haut dans ce courrier pourrait inverser cette tendance et le placer dans une spirale positive.
Aujourd’hui le trial « rapporte » trop peu de licenciés à la FFM qui de ce fait le discrimine, et il se retrouve par conséquent dans un véritable cercle vicieux : peu de licenciés, peu de moyens attribués, peu ou prou de considération véritable pour ce magnifique sport, et ainsi de suite.
Les 2 et 3 Septembre 2023, le club moto dont je suis membre, le Moto Club du Livradois, organisera sur la commune de Vertolaye (63480) le final du Championnat du Monde de Trial 2023. Cette compétition se fera sur deux journées de course et regroupera toutes les catégories en lice : TRIAL GP, TRIAL GP WOMEN, TRIAL 2, TRIAL2 WOMEN et TRIAL 3. Je vous invite à venir nous rendre visite et voir à quel point ce sport est formidable.
Cependant, entre temps, il serait bénéfique à ce sport si vous pouviez intervenir auprès de la FFM afin qu’elle le traite comme les autres disciplines qu’elle supervise.
Je vous prie d’excuser la longueur de ce courrier, mais sans votre intervention rien ne se passera à la FFM comme c’est une réalité depuis de très (trop) nombreuses années et ce malgré les dires de ses dirigeants successifs et leurs équipes.
Merci par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier, et, bien entendu, Bruno CAMOZZI et moi-même restons à votre disposition pour approfondir ce sujet avec vos collaboratrices et collaborateurs si quiconque le juge utile et/ou nécessaire.
Bruno CAMOZZI s’associe à moi afin de vous adresser, Madame La Ministre, nos très respectueuses et sportives salutations.
Jean-Michel BELLON.