Bon, c’est certain qu’à la seule lecture du titre de cet article, cela va en agacer plus d’un, mais il me semble intéressant cependant de se demander si réellement il faut se réjouir du développement du trial vintage en France.
Le vintage n’est pas l’exclusivité de notre sport, puisque c’est une tendance lourde dans de nombreux loisirs et tout particulièrement dans l’automobile, qui voit cette pratique se développer de façon quasi exponentielle. Ainsi, certaines autos jugées ringardes il n’y a pas si longtemps, prennent de la cote petit à petit et se vendent de mieux en mieux. De plus, quand je vois l’engouement de mes deux plus vieux et meilleurs amis qui se régalent à conduire de vieilles bagnoles, cela me surprend toujours beaucoup car j’ai du mal à comprendre comment on peut prendre du plaisir à conduire des voitures qui freinent mal, qui sont bruyantes, parfois malodorantes, à la pédale d’embrayage plus ou moins dure et enfin … sans direction assistée et sans climatisation … 😂
Pourtant vu qu’il y a de plus en plus d’adeptes de ce loisir à quatre roues, cela tendrait à prouver que je suis dans le faux : la majorité ayant toujours raison !
Donc on pourrait mettre un terme tout de suite à cet article car la corrélation entre les vieilles motos de trial et les vieilles autos est évident. Cependant, si personnellement j’adore le look, le design et ce que représentent ces anciennes pour notre sport, avec tout ce qu’elles lui ont apporté, pour autant ma démarche est la même côté conduite. En effet, je n’éprouve aucun plaisir à rouler avec une moto qui freine mal, dont l’embrayage est souvent dur comme du bois, dont les amortisseurs sont sans rapport avec ce que l’on a sur nos motos modernes … Bref pour moi : autos motos anciennes … même effet.
Cependant, pour nos trials, je comprends tout à fait que certains d’entre nous (et vous êtes de plus en plus nombreux) éprouvent du plaisir à piloter ces motos anciennes, et loin de moi l’idée de critiquer : chacun prend son plaisir comme il le veut.
La question majeure de cet article, qui se demande s’il faut se réjouir de cette situation, donc du développement du trial vintage, reste entière si on s’en pose une autre : n’est-ce pas préjudiciable à l’avenir de notre discipline ?
En effet, tout d’abord on peut facilement imaginer que les budgets de tous les trialistes ne sont pas sans limites, et donc il est évident que l’argent consacré à ces anciennes ne profite pas aux industriels du trial, ceux qui développent avec passion les motos d’aujourd’hui et de demain. À ce jour on ne peut que louer la passion qui anime la majorité des constructeurs de motos de trial : Manel JANÉ ce gros industriel Espagnol qui a investi de façon colossale pour créer VERTIGO. Marc TEISSIER, le boss de SHERCO et SCORPA. Jordi TARRES qui a mis en jeu à deux reprises son aura et son savoir et qui aujourd’hui est un pilier central de TRRS. Mais encore Philippe ARESTEN, qui après quelques déboires dans le trial, n’a pas hésité à se lancer de nouveau dans une aventure extraordinaire, qui est une véritable réussite, avec au bout la seule et unique moto de trial 100 % électrique du marché capable de rivaliser avec les thermiques et produite en série : ELECTRIC MOTION. Et je ne parle pas non plus des nombreux accessoiristes, équipementiers qui se vouent à notre sport de façon formidable en proposant de très bons produits.
Ensuite il faut se projeter quelques années en arrière et de quelques mois également.
Il y a quelques mois, nous avons publié les chiffres des ventes (immatriculations) des motos de trial neuves en France et si 2020 fut une « bonne » année en comparaison à 2019 par exemple, on n’atteint pas 1000 immatriculations, puisque ce sont 999 motos de trials neuves qui ont été immatriculées l’année dernière.
Si on se projette plus d’une vingtaine d’années en arrière, rien que GAS GAS faisait, à elle seule, deux fois ce chiffre !!
Alors certes, le marché de nos constructeurs passionnés, inventifs, déterminés, ce n’est pas la France uniquement, mais on peut également penser que le vintage se développe tout autant dans de très nombreux pays et que ce qui est valable pour la France en terme d’impact économique, l’est tout autant ailleurs.
Alors si OUI, on peut dire que la passion de certains d’entre nous pour le trial façon vintage est bon pour le trial, puisque chaque fois qu’un trialiste pose un crampon sur un morceau de caillou il perpétue notre sport, pour autant, personnellement, je pense qu’il ne faudrait pas que son développement soit trop important et surtout qu’il se fasse trop sur le dos du trial moderne.
En effet, sans ventes de motos suffisantes, nos industriels n’auront plus les moyens de faire de la R & D, d’investir dans des outillages, dans de la technologie et à terme, ce qui n’est pas très brillant aujourd’hui pourrait devenir encore plus inquiétant voir, rédhibitoire.
Il en faut pour tous les goûts et donc que chacun y trouve son plaisir, mais il ne faut pas occulter la nécessité pour le trial de rebondir afin de ne pas tomber dans les oubliettes des sports abandonnés … et pour ce faire il faut que les motos modernes se vendent davantage !
Quoi qu’il en soit, moderne ou ancien : VIVE LE TRIAL !