Il y a quelques jours nous avions appris l’arrêt de la toute jeune carrière sportive trial du jeune Enzo ROSSI, et dans l’article qui lui était consacré, nous avons préconisé un virage nécessaire à 180° du trial sportif vers l’électrique.
Comme certains d’entre vous, ce site aime les motos de trial thermiques d’aujourd’hui, pour de nombreuses raisons, mais justement, et malgré notre penchant pour le thermique, la raison l’emporte et nous confirmons que nous pensons que le futur du trial sera électrique.
Pourquoi ? La preuve par deux exemples.
En tout premier, c’est un exemple que je vous distille depuis de nombreuses années : celui de l’équitation. Comme j’ai déjà abordé ce sujet en long, en large et en travers je ne vais pas revenir complètement dessus, mais dans les grandes lignes : un sport qui à l’origine était plus qu’élitiste, puisque réservé aux gens aisés ou aux militaires, grâce à une implantation des clubs au plus près des villes, ce sport est devenu très « grand public ». Et comme l’assiette de pratiquants est large, il y a toujours de nombreuses Françaises et de nombreux Français aux plus hauts niveaux des différentes pratiques des sports équestres en compétition (saut d’obstacle, concours complet, dressage).
Bref, ils ont fait ce que nous souhaiterions être.
Le second exemple concerne une discipline sportive dont l’essor est plus récent mais … fulgurant : l’escalade. À l’origine c’est un sport de montagne, qui a pu descendre dans la plaine, pour peu, comme par exemple en forêt de Fontainebleau, il y ait des rochers assez costauds pour que l’on puisse s’exprimer en grimpant dessus.
Le véritable déclic du développement de l’escalade a été la création des premières salles de sport dédiées à cette pratique, vers les années 2005. Au début ces salles étaient principalement fréquentées par des montagnards qui venaient s’entraîner. Puis l’engouement est arrivé, le bouche à oreille a bien fonctionné, les salles se sont multipliées et en 2020 on constate que 85 % des personnes qui s’adonnent à ce sport sont … des URBAINS !
Puis cela s’est accéléré ces dix dernières années, où ils sont arrivés en 2020 à 3 millions de pratiquants de l’escalade en salle. Ainsi, par exemple, chez CHIMP UP, juste sur Lyon, ce sont 350 000 entrées par an !!
Alors que dans ce même temps le trial n’a fait que régresser tranquillement mais surement. Aujourd’hui l’escalade en salle a une progression de 20 % par !
Cet exemple rejoint ce que nous préconisons pour le trial, et ceci passe forcément par le développement de l’électrique dans le trial.
En effet, comme nous l’indiquons depuis longtemps, les masses de populations sont désormais dans les grandes villes ou dans les larges agglomérations. Ces gens sont demandeurs d’activités, mais rares sont celles et ceux qui sont prêts à devoir charger une moto sur une remorque pour se rendre à quelques dizaines de kilomètres de chez eux pour rejoindre un terrain où la pratique du trial est possible.
En organisant la création de centres de trial en salles dans les villes, avec un encadrement digne de ce qui se fait dans les centres équestres, il n’y a absolument aucun doute qu’avec un peu de communication et d’actions afin de valoriser le trial électrique, notre sport attirera à nouveaux de nombreux jeunes.
Mais pour cela il faut également que l’image sportive au plus haut niveau soit le reflet de ce qui est proposé au grand public. Ainsi les voies proposées aux grimpeurs dans ces salles, ne sont pas toutes, très certainement, du niveau de celles qui furent proposées aux meilleurs athlètes de la discipline au JO de Tokyo, mais nul doute que l’identification est au rendrez-vous.
Enfin, pour pouvoir rouler nombreux dans ces salles, il n’est pas pensable que cela puisse être compatible avec les fumées d’échappement : CQFD !
Le trial à la sauce électrique a les moyens de réaliser la quadrature du cercle qui manque à notre sport pour se relever et repartir de l’avant.
De plus, si toutes les motos de trial participant aux compétitions du plus haut niveau étaient électriques, on pourrait voir revivre certaines épreuves mythiques qui ont fait, en leur temps, la renommée de notre sport : le trial de Montmartre, les Mille Marches de Lyon, ou l’urbain de Villars de Lans etc.
Pour avancer il faut accepter la réalité économique, structurelle, sociétale de notre monde et seuls ceux qui s’adaptent peuvent s’en sortir. Qu’on aime ou non l’idée de ne voir que des motos de trial sans odeur et presque sans bruit, là n’est pas le plus important : le plus important c’est que le trial rebondisse et si les 3 millions de pratiquants de l’escalade en salle semblent être un Everest hors d’atteinte, une issue à quelques centaines de milliers de trialistes serait une véritable victoire !