e-Fuel : un avenir pour le trial ?

En France on n’a pas de pétrole mais … on a des idées : tel fut il y a une cinquantaine d’année le slogan de nos politiques pour inciter le peuple de France à « s’acclimater » au premier choc pétrolier, qui, aujourd’hui, ressemble davantage à une vaguelette qu’à une lame de fond !

Ensuite, eh bien il ne s’est pas passé grand chose, l’adaptation de l’homme à son environnement est tel qu’il parvient même à le refaçonner pour que l’osmose soit encore plus forte. Au final, cinquante années plus tard on en est pratiquement au même point, voir pire, car nos usages ont très largement augmentés durant cette période et notre dépendance fut accentuée par la pression des écolos qui, quels que soient les gouvernements, ont incité les politiques à … bouder le nucléaire.

La preuve la plus récente fut la fermeture de la centrale de Fessenheim en Alsace, alors qu’aujourd’hui, où on sent venir un immense besoin en électricité (non carbonée si possible), on a je crois 27 des 56 réacteurs nucléaires qui sont à l’arrêt, ce qui met tout le monde … sous tension !

Depuis quelques années, à l’initiative de l’UE les politiques tentent de nous projeter dans le tout électrique, ce qui apparait d’autant plus paradoxal aujourd’hui : alors qu’on dit aux Français qu’ils ne pourront peut-être pas bénéficier de toute l’électricité nécessaire cet hiver, on continue à les inciter à acheter des véhicules … électriques !

Et le trial dans tout cela ? Nous y voilà ! À l’image de ce qu’à initié notre ami Julien PERRET, avec son Electric Tour Trial cette année, qui permet à notre sport de se montrer au grand jour en pleine agglomération et en laissant de côté son image de deux temps qui sent pas bon, je pense très franchement que l’électrique est un atout majeur pour le re-développement de notre sport.

Comme je l’ai déjà exprimé avec une organisation à la hauteur des enjeux, le trial pourrait être bien plus présent là où il y a le plus de monde : les villes. Il n’y a qu’à voir le succès des skates parcs et autres endroits dédiés à ce qui roule mais qui ne pollue pas … directement.

Cependant faut-il pour autant imaginer un monde tout électrique alors qu’on a déjà du mal à assumer l’essentiel aujourd’hui ? Probablement pas, car si le trial prend une part infinitésimale dans la consommation d’essence en France, en 2020 il y avait 37,2 millions d’automobiles et on imagine très mal les remplacer en quelques peu nombreuses années.

À l’initiative de l’Allemagne, et de Porsche notamment, certains travaillent à une alternative intéressante appelée e-Fuel.

Pour faire simple, c’est un procédé d’extraction de l’hydrogène par électrolyse, auquel on rajoute par la suite du CO2 afin de rendre l’ensemble liquide, pour, après raffinement devenir toute sorte de carburants : essence, gasoil etc. Toutes les phases industrielles étant alimentées par de l’électricité décarbonée (nucléaire, solaire, éolien, hydraulique) cela permettrait de descendre le niveau de carbone global de … 80 % !! selon Porsche, dont personne ne peut mettre en doute les compétences techniques et technologiques.

Du coup on imagine facilement l’usage de cette essence de synthèse pour nos motos de trial, d’autant que la distribution, le stockage et transport etc. utiliseraient … les réseaux existants !

Si cette piste va prendre du temps à se développer, elle est quand même porteuse de bonnes nouvelles pour notre sport, qui, faible consommateur de carburant, peut se payer le petit luxe de … payer chaque litre un poil plus cher si nécessaire.

On se souvient tous le la très belle performance de Gaël CHATAGNO aux SSDT 2022 au guidon de son ELECTRIC MOTION, et on ne peut que saluer celle-ci, car en terminant 19ème notre Français avait empoché le prix « Jimmy Beck Challenge Trophy » décerné au pilote NON British, ayant obtenu la meilleure performance.

Cependant, on imagine la logistique « batterie » qui a dû être déployée tout au long des SSDT pour parcourir quotidiennement les dizaines de kilomètres d’inter-zone et de franchir les 32 zones. Ce fut un véritable exploit tant de la part de Gaël que d’ELECTRIC MOTION. Mais, à ce stade, on imagine très mal dupliquer ceci à plusieurs centaines de pilotes !

L’option e-Fuel apparait bien comme une piste intéressante, espérons que nos fédérations se penchent sérieusement sur son sujet …